Les eunuques à la rose

En sortant de la salle d’opération mes couilles à la main j’ai su que j’avais fait le bon choix. Enfin je n’allais plus être soumis à toutes ces pulsions animales incontrôlables. La voie vers les sommets se dégageait, plus aucun moyen de pression n’était susceptible de m’arrêter.

Ce fut quand Dominique se fit pincer à New York que j’ai envisagé de me les faire couper. La mort prématurée de Richard m’a définitivement convaincu. Sans ces sales affaires, il est probable que je les aurais gardées…

Maintenant je ris des boutades de mes compères au sujet de François. Ce fut le premier a y passer. Bien avant tout le monde, au moment de sa nomination à la tête du parti, il envisagea la solution. La  pression de la charge le faisait décharger à chaque occasion, une véritable boule minute. Dans sa recherche d’exutoire il était toujours prêt à écouter Jack et à se laisser entraîner dans des parties licencieuses.

Avec le recul, il a vraiment eu du nez. Même après sa prise de poids prodigieuse le transformant en rombière de supermarché, même après son humiliation de 2007 a encouragé sa dinguo d’ex, même après son régime Dukan et sa teinture noire, tata François est sur la voie royale pour prendre la suite de tonton.

En  repensant à cette perspective improbable, une tante chef de l’État ( et pourquoi pas un gay pendant qu’on y est), on a ri comme des baleines avec les éléphants. Imaginez le tableau, l’ex de l’ex-candidate devient le président de la France. Improbable et pourtant vrai.

Devant cette ironie du sort, les compères et moi-même avons sérieusement commencé à avoir les foies. Nos rires gras s’amincissaient à mesure que les sondages gonflaient.

Attention ça va couper !

Cette réussite surréaliste engagea d’autres conversions. Disons le même tout court, c’est dorénavant une obligation pour entrer dans le futur gouvernement. Autant les femmes n’ont rien à se faire enlever, si ce n’est quelques kilos, autant chez les hommes quelques grammes sont de trop.

Certains essayèrent de se défiler, arguant d’un contrôle total sur leurs pulsions. Ils étaient des hommes responsables et dominaient leur monture. Rien n’y fit, les ténors devenus castras étaient intraitables. Ils ne se grattaient plus la main mais l’entre-jambe. Les réfractaires étaient promis à rester en province et dire adieu aux arcanes de la République.

A mon tour, je dus choisir : les bourses ou ministre.

Déjà père de trois enfants et rassasié de conquêtes, mon hésitation fut brève. Il serait dommage me suis-je dit, de laisser passer l’occasion d’accéder au pouvoir pour de simples considérations hédonistes. De toute façon, mon paquet m’encombre, elles mes tiennent chaud et je m’assoie dessus fréquemment. Ça pendouille comme des bas-joues de vieille peau.

Au final, mes couilles me rendent service maintenant qu’elles sont définitivement posées sur la table.

Dans un mois, nous serons à la tête de la République sans couille mais au pouvoir.

Avril 2012